J’ai toujours suivit depuis de nombreuses années l’actualité politique ivoirienne avec beaucoup d’intérêt et dès les premières heures des élections présidentielles de 2010 en Côte d’Ivoire je me suis insurgé contre l’invasion franco-onusienne de la Cote d’Ivoire par les forces du mal dont le représentant Alassane Ouattara a marché sur des milliers de corps pour voler un siège qu’il n’a jamais mérité.
Bien qu’étant togolaise de nationalité, je voyais en le cas de la Cote d’Ivoire une situation inverse à celle du Togo ou c’est l’homme que la France voulait en la personne d’Alassane Dramane Ouattara qui se trouvait dans l’opposition. Je me suis donc jointe à de nombreux ivoiriens pour dénoncer cette injustice à telle enseigne que beaucoup d’amis activistes ivoiriens ont supposé que j’étais une des leur. Je me rappelle bien quand un activiste ivoirien m’avait écrit entre temps pour me dire « de me reconcentrer sur l’affaire du pays et de laisser les togolais régler leurs problèmes ». Et par du, ce dernier voulait dire la Cote d’Ivoire pensant comme d’autres que j’étais ivoirienne. Je n’ai cependant jamais mis les pieds en Côte d’Ivoire et suis de père et de mère togolaise. Pour dire que la cause de la Cote d’Ivoire n’est pas une cause ivoirienne mais une cause africaine. Bien d’africains amoureux de la liberté, de la justice et de la liberté des peuples à s’autodéterminer, qu’ils soient togolais, gabonais, camerounais, sénégalais et j’en passe ont d’une seule voix condamné les soubassements de la France en Côte d’Ivoire.
La crise ivoirienne a causé des milliers de morts, des centaines de milliers de déplacés et de réfugiés et dans le groupe de ceux qui ont choisi de quitter leur pays pour accepter de vivre sous des tentes dans des conditions précaires, beaucoup ont optés pour le Togo. Le Togo ! Mon pays le Togo ! Pour moi, Il n’est nul doute que dans toute l’Afrique de l’Ouest le dernier pays à choisir comme terre de refuge est le Togo. Un pays dirigé par un régime répressif, barbare, sanguinaire et despote ou les populations elles-mêmes ont presque tous fuit et dont les réfugiés sont légions éparpillés dans tous les quatre du monde, est le dernier endroit où l’on puisse oser se mettre à l’abri de la répression.
Combien de fois les Togolais n’ont-ils pas eux même fuit pour se réfugier en Côte d’Ivoire ? Et combien de Togolais ne se sont-ils pas exilés en Côte d’Ivoire pour fuir la répression à outrance du régime militaro-dictatorial des Gnassingbé ? Ils sont légions ! Alors quitter la Cote d’Ivoire pour aller se réfugier au Togo c’est fuir le purgatoire pour l’enfer. Le Togo est le Territoire Occupée par les Gnassingbé et les Occidentaux et bien évidemment les refugiés ivoiriens majoritairement catégorisés comme des pro-Gbagbo ne peuvent en aucun cas être désirables au gouvernement franco-gnassional.
Sans vouloir ironiser cette situation, il est important que les ivoiriens sachent que la répression que vivent leurs réfugiés au Togo est une manière pour le gouvernement togolais de les « INTEGRER » à notre culture. La culture de la barbarie, de la répression, de l’intimidation, des arrestations arbitraires et de la destruction des biens et propriétés. Ce que vivent les réfugiés ivoiriens au Togo depuis quelques semaines est ce que vivent les Togolais depuis 50 ans dans leur propre pays. Depuis 50 ans on brule les maisons des « opposants », on brule les maisons de presse et de stations radios dites affiliées a l’opposition, on arrête, tabasse torturent et tuent les journalistes, les femmes et même les enfants et qui ne sont pas d’accord et forcés de quitter le pays. C’est ça le Togo et ce n’est que maintenant que les réfugiés ivoiriens sont des TOGOLAIS !
Au-delà de ceci, je tiens à dire une chose aussi bien à mes compatriotes togolais qu’à mes frères ivoiriens. Nous ne sommes pas des ennemis mais avons plutôt les mêmes ennemis. Les ivoiriens accusent à tort les Togolais d’être des méchants, des ingrats et des barbares. Et nous Togolais retalions enragés par de telles accusations qui nous font porter le chapeau de crimes que nous n’avons pas commis. Avant tout cet imbroglio, de nombreux togolais étaient déjà révoltés que Aicha Koné, la célèbre musicienne ivoirienne, elle-même exilée en Guinée Conakry se fasse payer des dizaines de millions de francs pour produire une chanson louangeant Faure Gnassingbé, disant qu’au Togo il y a la paix, la joie, l’hospitalité, la prospérité et que sais-je autres niaiseries. Et cette vidéo devenue virale une semaine après l’abattage brutal d’un élève de 12 ans par les gendarmes togolais lors d’une manifestation d’élèves a offusqué plus d’un, moi y compris. Encore à tort, de nombreux Togolais se sont mis à attaquer les ivoiriens au lieu de se limiter à la personne d’Aicha Koné qui elle n’a pensé qu’a ses poches. Et quand ces répressions contre les réfugiés ivoiriens ont eu lieu, de nombreux Togolais se sont à tort réjouis de cette situation. Pas parce qu’ils approuvent la répression ou encore moins parce qu’ils haïssent les ivoiriens mais parce qu’ils ont généralisé le cas d’Aicha Koné et se sont dit : « N’est-ce pas vous qui aviez dit qu’il y a la paix et la joie au Togo ? C’est bien fait pour vous ! ».
Et bien je condamne cette réaction des Togolais mais je condamne aussi celle des ivoiriens qui blâment le peuple Togolais pour les abus dont sont victimes les réfugiés ivoiriens au Togo. Il est important que nous Africains apprenions à éviter des cataloguer les groupes pour des actions d’individus. C’est honteux, bas et semeur de zizanie et de guerre. Cette situation nous aveugle et nous éloigne de notre principal objectif. En principe nous avons le même ennemi : le gouvernement Togolais. Le faite qu’un ivoirien ait volé ne fait pas de tous les ivoiriens des voleurs ou le fait qu’un togolais ait tué ne fait pas de tous les togolais des tueurs. Mais quand nous lançons des attaques en nous basant sur les groupes plutôt que les idéologies et les actes, nous tirons sur les mauvaises cibles, et nous nous entretuons au bon gré de nos ennemis communs qui eux ne voulait que cela : nous distraire et nous diviser.
Par ailleurs, j’ai rarement aussi vu des ivoiriens condamner les exactions du gouvernent Togolais contre les populations Togolaises. Pourquoi ? Parce que chacun se dit que ce n’est pas son oignon. Mais ce qu’on oublie est que quand la maison du voisin brule et que l’on refuse de l’aider à l’éteindre, ce feu s’étendra à sa maison. Il y a 20 ans en 1993, des milliers de Togolais ont fui le Togo pour se réfugier en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens n’auraient jamais imaginé à l’époque que l’inverse leur arriverait. Aujourd’hui la roue a tourné sur la Cote d’Ivoire. Demain elle peut retourner sur le Togo et ainsi de suite. Nous avons le malheur d’être issus de pays où la stabilité politique est encore une chimère et où les conflits naissent à tout bout de chant. Notre devoir est de travailler ensemble pour libérer nos pays des forces destructives de l’oppression et de construire des états libres, démocratiques, souverains et stables qui pourront nous garantir confort, sécurité et bonheur. Et cela nous n’y arriverons jamais aussi longtemps que nous nous laisserons distraire par ces frontières imaginaires qui nous ont été imposés par ceux-là-même qui nous exploitent.
Il faut que cette histoire de Togo Vs Cote d’Ivoire cesse : Nous ne sommes ni des adversaires, ni des ennemis et la CAN est déjà passée. Que les Togolais se reprennent et que les Ivoiriens redescendent aussi sur terre. Les Togolais n’ont rien contre les Ivoiriens et les Ivoiriens ne doivent rien à avoir contre les Togolais. Nos problèmes sont nos dirigeants : faisons leur face sur un même front !