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En cette journée du 25 mai, se commémore le soixantième anniversaire de l'établissement de l'Union Africaine. Ce que de nombreux Togolais ignorent à propos de cette date, célébrée comme une fête nationale dans onze pays africains distincts, est qu'elle marque ce jour fatidique où les chefs d'État africains ont témoigné une véritable solidarité envers le peuple togolais à la suite du tout premier coup d'État survenu en Afrique.
 
Peu de personnes sont informées des circonstances entourant l'assassinat de notre président Sylvanus Olympio, le père de notre indépendance et de notre nation. Le 12 décembre 1962, le président Olympio, a ratifié une loi établissant la création du franc togolais. Un mois plus tard, jour pour jour, dans la nuit du 12 au 13 janvier 1963, d'anciens soldats de l'armée coloniale française ont été dépêchés par l'État français pour assassiner le président togolais dans sa résidence. Le président Sylvanus Olympio était dans son bureau en train de finaliser les statuts de l'Union Africaine, dont il était membre du comité d'action, lorsque ses assassins ont fait irruption chez lui. Ces documents, presque achevés, ont été retrouvés sur son bureau après sa mort.
 
Lorsque les assassins ont fait irruption chez lui, le président Olympio a escaladé le mur pour se réfugier dans l'enceinte de l'ambassade des États-Unis d'Amérique, son voisin, et a demandé à son épouse de contacter l'ambassadeur des États-Unis pour l'informer que le président avait trouvé refuge dans l'enceinte de l'ambassade et demander de l'aide. À l'époque, le président Olympio, pacifiste convaincu, estimait que les maigres ressources du Togo ne devaient pas être investies dans une armée, et donc, le Togo ne possédait pas de forces armées.
 
L'ambassadeur des États-Unis, qui résidait dans un autre quartier, a téléphoné depuis sa résidence à son homologue ambassadeur de France pour l'informer de la tentative de coup d'État et de l'endroit où se cachait le président Olympio. L'ambassadeur de France, après avoir reçu cette information, a informé les assassins d'Olympio que le président qu'ils n'avaient pas trouvé à son domicile se cachait dans l'enceinte de l'ambassade et qu'ils pouvaient rentrer et l'éliminer car il était seul et sans armes. C'est ainsi que le président Olympio a été assassiné par balles, puis ses meurtriers lui ont sectionné les veines pour s'assurer de sa mort avant de jeter son corps devant la porte de l'ambassade des États-Unis d'Amérique. Quelque temps après, le beau-frère du président Olympio, Nicolas Grunitzky (le demi-frère de son épouse), qui avait toujours été un fervent partisan de la France et dirigeait le parti dit du progrès a pris le pouvoir sous les directives du president de la France Charles De Gaulle.
 
Pour revenir à la corrélation entre le 25 mai 1963 et la mort du président Olympio, il convient de noter qu'au moment où les dirigeants de tous les États africains indépendants, ainsi que les résistants luttant pour l'indépendance de l'Afrique, furent convoqués à Addis-Abeba pour formaliser la création de l'Organisation de l'Unité Africaine, le putschiste Nicolas Grunitzky fut exclu de cet événement. Lui et sa délégation furent rejetés par les présidents Gamal Abdel Nasser d'Égypte, Sékou Touré de Guinée, Modibo Keïta du Mali, Kwame N'krumah du Ghana et le chef du gouvernement nigérian, Tafawa Balewa, qui le qualifièrent de traître.
Le chef du gouvernement nigérian, Tafawa Balewa, alla même jusqu'à exprimer le souhait d'envoyer une troupe militaire au Togo afin de chasser les marionnettes françaises du pouvoir. Ironiquement, trois ans plus tard, il sera assassiné au Nigeria, aux côtés de son compagnon de lutte Ahmadu Bello, des meurtres qui seront suivis par une série de coups d'État dans le pays, conduisant finalement à une guerre où la France prit fermement parti en faveur de la création de la République du Biafra, fournissant des armes aux sécessionnistes par le biais du président Houphouët Boigny de la Côte d'Ivoire.
 
Le 25 mai 1963, un hommage fut rendu à Sylvanus Olympio par les États africains libres, et à ce jour, cette commémoration est observée chaque année dans onze de ces pays. Notez sur les images ci-dessous que dans les documents officiels annonçant la création de l'OUA, c'est le président Sylvanus Olympio qui a été mentionné comme co-fondateur ( voir n* 24 en image) et non son traître de beau-frère Nicolas Grunitzky, même si ce dernier était celui qui dirigeait le Togo et que le président Sylvanus Olympio était déja décédé au moment du lancement officiel de l'OUA le 25 mai 1963.
 
Je n'avais jamais eu connaissance de cette date avant mon départ du Togo, car le gouvernement putschiste et sanguinaire des Gnassingbé, qui succéda à l'autre traître Grunitzky, veilla à ce que les Togolais n'aient jamais connaissance de cette date historique et de sa signification pour notre peuple.
Que les âmes de tous les dirigeants et militants panafricains qui ont cru en une Afrique libre, digne et souveraine et qui ont perdu la vie en luttant pour les générations futures que nous sommes devenues, reposent en paix. Puissent les Gnassingbé, les Grunitzky, les Boigny d'aujourd'hui, qui continuent de tuer leurs frères et de sacrifier leur peuple pour les intérêts de la France, être vaincus !
Je vous souhaite une bonne journée de l'Unité Africaine.
 
Farida Bemba Nabourema
Citoyenne Africaine Désabusée !
Ce que la Journée de l'Afrique représente pour le peuple Togolais
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