" />

En Aout 1960, le General De Gaulle avait décidé d’en finir avec cette formalité qui mettait les pays d’Afrique noire en transe : les indépendances. A tour de rôle, le Benin, le Niger, le Burkina Faso, la Cote d’Ivoire, le Tchad, la République Centrafricaine, le Congo et le Gabon se sont vu octroyer une soit distante indépendance qui 55 ans après, me laisse dégoutée.

De Gaulle et ses co-colonisateurs n’avaient pas souhaité voir les africains arracher leurs indépendances de force comme en Guinée, au Cameroun ou au Madagascar car cela non seulement ternirait l’image de la France, « terre des hommes libres » sur l’échiquier politique mondial mais surtout ferait perdre à jamais à la France, son pouvoir sur l’Afrique noire.

Dans le monde post-deuxième guerre mondial, la politique étrangère de la France devait la faire paraitre comme une nation humaniste et De Gaulle devrait demeurer ce héros des temps qui a su résister contre les Nazi et « libérer » les français des mains des pétainistes. Alors le général avait un plan B pour le reste de ces colonies qui voulaient imiter leurs frères de l’AOF en Guinée ou de l’AEF au Cameroun. Ce plan consistait à « offrir » l’indépendance au reste des pays sous domination française tout en prenant soin d’installer au pouvoir des pantins comme Leon Mba et des prélats au zèle démesuré comme Fulbert Youlu, un véritable « nègre de maison » dont le père était le coiffeur du fameux Savorgna de Brazza. Les indépendances devinrent ainsi un folklore et très vite, les fantoches se sont attelés à continuer l’œuvre messianique de la France en Afrique, qui est de nous exploiter sans aucune pitié.

Nous jeunes africains du 21eme siècle souffrons des séquelles d’une erreur qu’avait commise nos aïeux qui avaient véritablement combattu pour notre liberté. Cette erreur est de ne pas avoir eu comme De Gaulle, un plan B de décolonisation. Nos aïeux ont été naïfs et se sont laissés embobiner par un pays qui depuis la nuit des temps n’a survécu que grâce à son hypocrisie. Si nous eûmes eu un plan B nous ayant permis de déjouer la ruse focardienne qu’est la Francafrique, nous ne serions pas aujourd’hui sous la coupe des toutous qui pleurent la mort des journalistes français comme Yayi Boni et Alassane Ouattara. Plutôt, nous aurions été capables de nous soulever partout de Bangui à Dakar contre l’assassinat de Sylvanus Olympio quand celui-ci voulut retirer le Togo de la Zone CFA et nous aurions empêché le renversement de Modibo Keita, épargnant au Mali des autocrates qui se succèdent dans l’asservissement vis-à-vis a de la France.

Aujourd’hui, nos pays ont officiellement 55 ans, et nous peinons toujours à en finir avec la domination gaulliste. Je souffre de voir la Cote d’Ivoire, premier producteur du cacao au monde, inaugurer la première usine de chocolat sur son territoire en 2015. Ma douleur ne vient pas simplement du fait qu’il eut fallu tant d’années pour installer une simple usine de transformation du cacao en terre ivoirienne, mais plutôt du fait que ce soient des français qui eurent encore ce privilège. Ainsi, sur toute la chaine de création de la richesse à savoir la production, la transformation et la consommation, nous africains demeureront au bas de l’échelon.

Que donc faire pour briser cette chaine oppressive qui nous immobilise depuis des siècles ? La réponse à cette question se trouve en chacun de nous. Mais qui peut libérer un oiseau enfermé dans une cage sans toit ?

Farida Nabourema

Citoyenne Togolaise Désabusée

Les indépendances francafricaines
Tag(s) : #Afrique, #Togo, #France-Afrique
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :